Prison

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Selon la tradition, le mont Dereszla doit son nom à une coutume de supplice : c'est le lieu où était installé le banc de supplice – « deres » en hongrois – où on faisait s’allonger les serfs indisciplinés pour une bastonnade. La commune avait également le droit du glaive, impliquant l’idée qu'au fil des siècles la nécessité de construire la maison d’arrêt et le centre de détention s’était fortement imposée.

Cette problématique et d’autres contingences incitèrent la commune à gérer une prison. En effet, le Bodrogzug offrait aux brigands et autres malfrats de la région une planque excellente pour échapper aux autorités. Les rapines et fréquents pillages plus ou moins importants dans la commune et ses environs ont également justifié l’existence à Bodrogkeresztúr de sa propre maison d’arrêt. En 1911, par exemple, la famille Wolkeinstein a été cambriolée, les malfaiteurs ont essayé de vendre les objets de valeur à Miskolc et en 1932, une femme noya son bébé dans le Bodrog.

Cependant, ils ne s’agissaient pas des seuls motifs de crainte pour les habitants de la commune dans leur quotidien. Des histoires mystiques et interlopes se sont propagées et sont devenues une source d’angoisse dans la vie quotidienne. Il suffit de penser aux innombrables contes et histoires portant sur les sorcières de la commune accusées de sortilèges, coupables d’avoir jeté des mauvais sorts aux foyers ou fait tarir le lait des vaches.

Pour identifier les sorcières, les habitants de la commune avaient plusieurs méthodes. L'une d’entre elles consistait à faire bouillir un demi-litre de lait et le verser dans le feu et les sorcières ainsi en avaient le visage brûlé. D’après une autre légende, il fallait mettre le lait bouillant dans la cheminée et la sorcière en sortait au bout de trois jours. La fabrication des chaises de Lucie était également courante parmi les jeunes hommes, même dans les années 1960. Lors de la messe de minuit, les jeunes hommes montaient sur les chaises de Lucie à l’église pour identifier les sorcières de la commune. Elles possédaient soi-disant des attributs reconnaissables : assises le dos tourné à l'autel, elles portaient des cornes. « Celles de la tante Farkas était si grandes qu'elle avait du mal à entrer dans l’église » - mentionne une histoire.

À la fin de la messe, les garçons devaient fuir de l'église, brisaient des chaises et en jetaient les bouts dans cinq puits différents puis vite rentraient chez eux. D’après la fable, s’ils n’arrivaient pas à la maison à temps, les sorcières les rattraperaient et leur donneraient des coups de pied. Les jeunes hommes dispersaient aussi des graines de pavot tout le long du chemin pour ralentir les sorcières obligées de les ramasser.